CHAPITRE 6 - Un sol sain sert d'ablution au musulman et remplace l'eau.
- Al-Hasan a dit : « L'ablution pulvérale suit tant qu'il n'est pas survenu d'impuretés accidentelles »; et Ibn 'Abbâs dirigea la prière après une ablution pulvérale. - Yahyâ Ibn Said a dit: « Il n'y a aucun inconvénient à faire la prière dans une sabakha sabakha et à se servir de sa poussière pour faire l'ablution pulvérale. »
Imrân a dit
« Nous étions partis en expédition avec le Prophète et avions voyagé de nuit. Quand la fin de la nuit arriva nous dormîmes d'un sommeil le plus agréable possible pour un voyageur et nous ne fúmes réveillés que par l'ardeur du soleil. Les premiers qui se réveillèrent furent un tel, un tel, un tel - Abû Rajâ' les a énumérés, mais 'Awf a oublié leurs noms et un quatrième, 'Umar Ibn al-Khattab. Quant au Prophète s'il dormait personne de nous ne le réveillait et l'on attendait qu'il se réveillât de lui-même. Nous ne savions pas, en effet, ce qui pouvait lui survenir au cours de son sommeil.« Lorsque 'Umar, qui était un homme énergique, fut réveillé et qu'il vit ce qui venait d'arriver d'arriver aux fidèles, il fit le takbir en élevant fortement la voix. Il ne cessa de répéter le takbir en forçant toujours sa voix, jusqu'à ce que le bruit de sa voix réveillât le Prophète . Aussitôt qu'il fut éveillé on vint se plaindre à lui de ce qui venait de se passer : il n'y a pas de mal - ou cela ne nuira pas, - dit le Prophète, mettez-vous en marche. On se mit en marche, puis, après avoir fait un court trajet, le Prophète s'arrêta et demanda de l'eau pour sa petite ablution. Il pratiqua son ablution; on fit l'appel à la prière et tout le monde pria avec le Prophète.« Lorsque la prière fut terminée on s'aperçut qu'un des fidèles était resté à l'écart et n'avait pas prié. - O un tel, dit le Prophète, qu'est-ce qui t'a empêché de faire la prière avec les autres ? - J'étais en état d'impureté, répondit l'homme, et je n'avais pas d'eau. - Il fallait utiliser un sol sain, répliqua le Prophète, il aurait produit le même effet.« Comme le Prophète poursuivait sa route, les fidèles se plaignirent de la soif. Il descendit alors de sa monture et appela un tel - Abû Rajã' le nomme, mais 'Awf a oublié son nom; - il appela également 'Ali et dit à tous deux: Allez à la recherche de l'eau. Ils partirent et ils rencontrèrent une femme perchée sur un chameau entre deux outres dugenre mazada ou satiha satiha , remplies d'eau. - Où se trouve l'eau ? demandèrent-ils. J'ai trouvé cette eau, répondit-elle, hier à pareille heure. Nos hommes sont partis et nous ont laissées. - Alors, reprirent-ils, marche ! Vers quel endroit ? répliqua-t-elle. - Vers l'Envoyé de Dieu , répondirent-ils. - Ah ! vers celui qu'on appelle le sabéen sabéen , s'écria-t-elle. C'est bien celui que tu veux dire, ajoutèrent-ils. Ils se mirent donc en route et amenèrent cette femme au Prophète et lui racontèrent leur aventure. - Qu'on fasse descendre cette femme de son chameau, dit le Prophète. Puis il fit apporter un vase et y versa l'eau des deux outres mazâda ou satíha après en avoir ouvert les orifices qu'il referma ensuite. Il ouvrit après cela la partie inférieure des outres et on appela tous les fidèles qui firent boire et burent, chacun buvant et faisant boire autant qu'il voulait. Enfin le Prophète donna à l'homme qui avait annoncé être en état d'impureté un vase plein d'eau, en lui disant : Va et verse cette eau sur toi !« La femme, debout, regardait ce qu'on faisait de son eau. Eh bien ! j'en jure par Dieu, quand on cessa de prendre de l'eau, il nous sembla que les deux outres étaient encore plus pleines qu'elles ne l'étaient avant qu'on y puisât. Le Prophète dit alors aux fidèles de faire une quête en faveur de cette femme. On réunit des dattes, de la farine et du sawiq, au point de lui constituer un repas ; on plaça le tout dans une pièce d'étoffe; on le chargea sur le chameau de cette femme et on disposa le paquet devant elle. - Tu vois, lui dit alors le Prophète, que nous n'avons en rien diminué la quantité de ton eau et que c'est Dieu qui nous a abreuvés. La femme retourna dans sa famille et, comme elle avait tardé à venir, on lui dit : Qu'est-ce qui t'a donc retenue, ô une telle? - Une chose étrange, répondit-elle ; deux hommes m'ont rencontrée, ils m'ont emmenée auprès de cet homme qu'on appelle le sabéen, et celui-ci a fait telle et telle chose. - Par Dieu ! c'est le plus grand sorcier des hommes, ici ou ailleurs. Alors avec ses deux doigts, le médium et l'index, qu'elle éleva vers le ciel, elle sembla dire : le ciel et la terre, ou : certes, il est bien en vérité l'Envoyé de Dieu.« Par la suite, les musulmans, faisant des incursions contre les associants de son voisinage, épargnaient toujours le groupe familial dont cette femme faisait partie. Un jour elle dit à ses gens: Je vois que ces gens-là vous épargnent de propos délibéré, voulez-vous être musulmans ? Ils acceptèrent sa proposition et entrèrent dans l'islam. »Al-Bukhârî dit que Saba'a (d'où vient sabéen) est un verbe qui signifie passer d'une religion à une autre. Abû al-'Aliya dit que les Sabéens forment une secte des gens du Livre qui récitent les psaumes.